L’encouragement systémique à l’attachement évitant

L'encouragement systémique à l'attachement évitant sous prétexte qu'"il doit se débrouiller"

se debrouiller

Théo ne bronche pas quand on lui dit de ne pas brailler en public. Ses parents sont fiers qu’il sache se maitriser. Qu’il comprenne que certaines choses se font et d’autres pas. Quand Théo fait son cinéma, sa maman est très ferme avec lui et ne le câline pas. Elle lui fait ainsi comprendre qu’elle ne veut pas d’un enfant qui se donne en spectacle.

Quand Théo est triste, son père essaie de le prendre au jeu ou à la rigolade. « Allez, t’es un p’tit mec, ne montre pas ça, les autres en profiteront ! ».

A l’école, la maitresse est assez satisfaite. Il est en grande section de maternelle, et cela se passe très bien. Théo n’est pas comme d’autres qui lui demandent une attention de chaque minute. Il ne bronche pas, ne dérange pas, ne se rappelle à personne. Il se gère. Elle trouve qu’il a développé une belle autonomie ! »

Pourtant, Théo est en train de développer un attachement insécure évitant.

Un type d’attachement aux autres qui lui rendra difficile d’établir des relations. Toute sa vie, il aura du mal à se comprendre, à verbaliser ses émotions, à savoir comment accepter les affects et demandes affectives des autres. Il se sentira vite débordé par les demandes de câlins et d’amour de ses partenaires. Il sera plutôt du genre à bosser comme un dingue, car c’est ainsi que l’on obtient un peu de reconnaissance : en bossant, en réussissant… sans se faire remarquer.

Il sera plus sujet à développer certaines pathologies physiques comme psychiques, du simple rhume chronique, aigreurs d’estomac, ou maladies plus graves : cancer, dépression, troubles dissociatifs, etc.

Aujourd’hui, la société tout entière valorise la froideur émotionnelle.

Les adultes s’enorgueillissent d’avoir des enfants qui ne se manifestent plus.

Ils les disent « autonomes », alors que ces enfants-là ne gèrent rien, ils sont en perpétuel stress car rien n’assure leur défense. Ils ont éteint leurs demandes et se sont repliés sur eux-mêmes car la manifestation de leurs besoins affectifs a été ignorée, rejetée, ou punie.

Ne nous y trompons pas.

Un enfant qui développe un attachement sécurisant ne se comporte pas comme Théo.

  • Il vit des émotions, des détresses, des peurs.
  • Quand il les vit, cet enfant se manifeste par des cris, des pleurs.
  • Il tend alors les bras vers l’adulte en qui il a le plus confiance.
  • Il le poursuit, le sollicite bruyamment pour être consolé.
  • Il cherche le lien pour s’apaiser. Pour être rassuré, sécurisé, réconforté et aimé. Dans son cerveau, cet accueil a un effet particulièrement puissant.

👉 Ce qui constitue les signes de l’attachement sécurisant.

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Les effets de l’attachement sécurisant

Cet attachement le rend doué émotionnellement et socialement. Il améliore ses qualités d’attention et de régulation du stress. Il en fait un individu équilibré dont les perspectives de santé physique comme psychique sont optimales.

L’encouragement systémique à l’attachement évitant

Quand on nous force à nous séparer de nos enfants âgés de 4 mois, pour les mettre en crèche, quand on exige que nous les mettions dès 3 ans (ou plus tôt) dans des classes de plus de 15 enfants, quand on refuse un temps partiel qui permettrait aux parents de récupérer leur enfant dès la sortie de l’école, quand on passe plus de temps à leur faire reconnaître et tracer des lettres qu’à leur permettre de se connaître et d’être sécurisé sur un plan affectif, c’est à toute la société que l’on fait du mal, et c’est à chaque adulte en devenir que l’on nuit.

Au bout du compte, aux détracteurs de l’éducation positive, je voudrais dire que c’est ce dont il est réellement question. Voici ce que la plupart des parents ignorent, ou occultent. Voici ce qu’on leur cache. Les scientifiques qui se sont intéressés à la théorie de l’attachement, formulée initialement par John Bowlby, savent – preuves à l’appui – que la majorité des difficultés de santé et de sécurité publique rencontrée dans nos sociétés a pour origine un attachement proposé à l’enfant qui est pour lui totalement insécurisant.

Et ceux qui refusent de l’admettre, sont simplement pris dans une spirale qui les empêche d’accéder à cette conscience. Le besoin de l’autre leur est à jamais ignoré car leur propre expérience de vie les en a privés. Ils ont dû se construire sans : Ils ont dû traverser leur vie sans pouvoir compter sur la sécurité affective qu’un autre pourrait leur donner. Ils pensent donc qu’il ne faut compter que sur soi, ils ne savent pas comment répondre aux demandes de leurs enfants et trouvent donc très justifié qu’ils apprennent à se taire ou à se débrouiller.

Des études intéressantes montrent que les sociétés occidentales sont en pleine dérive du lien à autrui.

Elles sont de plus en plus évitantes affectivement. Et, la technologie accélère cette transition, comme au Japon où les loisirs autonomes sont en plein boom au détriment des loisirs ensemble. C’est ce qui fait que l’enjeu derrière l’IEF* (et son interdiction) est énorme.

Si les quelques familles qui le peuvent ne sont plus autorisées à offrir à leur enfant un environnement sécurisant, répondant à ses besoins et faisant écho à sa vie affective, la société entière accélèrera sa descente aux enfers. Ou bien, si cette logique perdure, il y a lieu (en urgence) de révolutionner l’accueil des enfants de manière à leur donner la nourriture affective dont ils ont besoin pour se développer, grandir et devenir des personnes empathiques, altruistes, en bonne santé physique et psychique.

*IEF: Instruction en famille