Capsule Educative #3: Forcer le Oui ou Eduquer le Non ?

Quand les parents viennent voir les accompagnantes parentales parce qu’ils craquent devant les non répétés de leur enfant, ils sont désemparés. Ils voudraient que leur enfant dise Oui. Autrement dit qu’il coopère. Et cette demande est parfaitement légitime.

Mais il est possible que parfois nous allions trop loin dans le “Oui, à tout prix”.

En effet, forcer le OUI à tout bout de champ, c’est faire fausse route.

Parce que savoir dire et poser un vrai NON est une étape fondamentale du développement humain qui doit être accompagnée par les parents.

“Tu as le droit de dire Non”

Savoir dire non, c’est poser une limite protectrice : celle qui préserve l’intégrité, le respect de soi et la clarté dans les relations. C’est un acte d’affirmation de soi, essentiel à l’équilibre psychique et relationnel. Sans cette capacité, on s’expose à l’épuisement, à la frustration ou à des relations déséquilibrées.

 

L’incapacité à dire non se construit très tôt, souvent dans l’enfance, quand l’amour ou la reconnaissance semblent conditionnés à l’obéissance, à la gentillesse ou à la conformité.
Si l’enfant comprend que « dire non » entraîne rejet, colère ou punition, il apprend à nier ses besoins pour préserver le lien.
À l’âge adulte, ce schéma devient un réflexe : on dit « oui » pour éviter le conflit, la culpabilité ou la peur de déplaire.

 

Isabelle Filliozat – L’intelligence du cœur (1997)

Filliozat explique comment, dès l’enfance, nous apprenons à « mériter l’amour » par la conformité aux attentes parentales. Lorsque l’enfant perçoit que l’amour dépend de son obéissance, il intègre le schéma selon lequel dire non met le lien affectif en danger.
→ Elle parle de la peur du rejet comme moteur de la soumission et de la difficulté à poser des limites à l’âge adulte.

Jacques Salomé – Pour ne plus vivre sur la planète TAIRE (1999)

Salomé met en évidence la façon dont les enfants grandissent dans des environnements où leurs émotions et leurs refus ne sont pas accueillis. Il montre que cette absence de validation émotionnelle conduit à une difficulté à s’affirmer et à dire non plus tard, par peur du conflit ou du désamour.
→ Il relie directement cela à l’apprentissage de la communication relationnelle saine.

John Bowlby, Attachement et perte

  • Dans son livre, Bowlby décrit comment les comportements d’attachement sont façonnés par la peur de perdre la figure d’attachement, ce qui peut amener l’enfant à inhiber ses besoins et ses refus.

 

En tant que parent vous ne voulez certainement pas que votre enfant devienne un adulte qui s’éteint, se soumet, ment, s’efface ou se laisse manipuler simplement parce qu’il n’a jamais appris à dire NON ?

👉 Il est donc nécessaire qu’en tant que parent, nous éduquions le Non.

enfant apprend à dire non

 

Comment éduquer le Non ?

1 – Donner au “non” un statut légitime

L’enfant doit sentir que dire non n’est pas une faute morale. Il est nécessaire d’accueillir son non comme on accueillerait une émotion.

« Tu n’as pas envie d’aller à l’école et c’est parfaitement compréhensible. Il m’arrive à moi aussi de en pas avoir envie de faire une chose ou une autre. Mais je n’ai pas forcément le choix. Par exemple, je suis obligée d’aller travailler comme tu es obligé d’aller à l’école. Mais tu as le choix de l’activité que nous ferons ensemble après et j’ai ce choix aussi. »

 

2 – Modéliser le non adulte

Les enfants apprennent par imitation. Quand un parent dit calmement :
« Non, je ne veux pas prêter mon téléphone maintenant. Je pense que mon téléphone n’est pas un jouet et c’est un outil qui m’est indispensable pour mon travail et ma vie personnelle. »
Il n’y a pas de justification excessive ni dérive émotionnelle. Le message incarne un non clair et respectueux des limites du parent.

L’enfant comprend alors que dire non n’abîme pas le lien. On peut poser une limite sans blesser.
Cela rappelle l’idée, défendue par Jesper Juul (👉 Ton enfant est compétent), que les parents sont des modèles de leadership bienveillant, non des figures de pouvoir arbitraire.

 

3 – Faire du non un outil de discernement

L’enfant grandit en apprenant à écouter ses ressentis :

  • Qu’est-ce que je ressens quand je dis oui alors que je pense non ?

  • Qu’est-ce qui m’aide à me sentir respecté ?

Ces réflexions peuvent être accompagnées verbalement ou par des jeux de rôle, en famille ou à l’école : « Si ton copain te demande de faire quelque chose que tu n’aimes pas, comment tu pourrais dire non ? »

Ce type d’exercices renforce la conscience de soi et la capacité à poser des limites, piliers de la prévention des violences relationnelles.

savoir poser des limites

Conclusion: on ne peut pas dire Oui à tout, mais notre rôle est aussi d'éduquer le Non (et de savoir l'entendre)

Éduquer le non, c’est :

  • accueillir le refus comme une émotion,

  • montrer l’exemple d’un non respectueux,

  • aider l’enfant à ressentir quand dire non est juste pour lui.

C’est ainsi qu’il deviendra un adulte capable de dire oui par choix, et non par peur.

Ceci est la 3ème capsule éducative.

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