Pourquoi prendre l’enfant en crise dans les bras ?

Pourquoi prendre l'enfant en crise dans les bras ?

calin crise

– Tu te sens mal (cris et pleurs)
Je sais… je suis là….
(cris et pleurs)
Tu veux venir dans mes bras ?
Non!!! (repousse les mains tendues vers lui)
Je suis pour toi, je vais rester avec toi jusqu’à ce que ça passe… ça va passer.
Quand nous imaginons que le petit Pierre, 3 ans, vient peut-être de tomber du toboggan, nous trouvons l’attitude de sa maman normale et appropriée.
Mais, quand il s’agit d’une grosse colère, de nombreux parents nous diraient que la maman est laxiste et permissive… et surtout qu’elle se fera mener par le bout du nez !

Pourtant, Pierre n’a aucune douleur physique.

Pierre souffre de douleur émotionnelle.

Ses émotions de colère, d’impuissance, de frustration et de déception ont créé des tensions dans son corps qu’il n’arrive pas à gérer.

En conséquence, il rejette sa mère même s’il est désespéré et a besoin d’elle. Pour le moment, il a trop mal.

Sa souffrance est entièrement émotionnelle, mais il se comporte exactement comme une personne atteinte d’une grande souffrance physique.
Touchez le tibia d’une personne qui vient de se casser la jambe et vous en aurez pour votre compte ! Elle risque de vous hurler dessus, de vous insulter, de vous repousser énergiquement. Cette personne vous agresse, même si vous l’approchez pour lui venir en aide. Et naturellement, vous ne vous vexez pas car, vous comprenez que c’est sous l’emprise de sa douleur qu’elle se comporte ainsi.
C’est exactement ce qui arrive à Pierre et sa mère dans cette scène.
Pierre souffre. Il souffre tellement qu’il a besoin de soin. Mais quand on l’approche pour lui donner les soins, sa douleur est encore trop vive, ça lui fait mal, il n’est pas prêt. Il en vient à mal se comporter. 👉 Si vous voulez savoir à quel point la douleur est grande, c’est très simple : Il vous suffit d’observe l’intensité du comportement de Pierre !
L’intensité d’un comportement inapproprié ne nous dit jamais combien un enfant (ou une personne) est mal éduqué, irrespectueux ou combien il nous déteste. Elle nous renseigne sur l’intensité de sa souffrance qui vademander de notre part patience, indulgence, calme et sang-froid.

La douleur émotionnelle n’est pas une moindre douleur.

C’est une vraie douleur.

Nous-mêmes adultes, nous le savons bien. Quand notre cœur se brise, quand notre colère explose, quand nos angoisses nous prennent aux tripes, nous nous sentons en pleine souffrance et nous ne sommes pas en mesure de donner le meilleur de nous-mêmes.

C’est pareil pour les enfants…

Et puis, non, ce n’est pas tout à fait pareil.

Car pour les enfants, c’est tout simplement pire.

Je ne vous ferai pas un laïus sur le pourquoi-du-comment, sur les différences notables qui existent entre le corps et le cerveau d’un enfant et ceux d’un adulte  👉 Souffrir quand on est un enfant, que ce soit souffrir physiquement, émotionnellement ou psychiquement, c’est toujours pire, car c’est toujours plus de souffrance.
Approcher le monde émotionnel et permettre à nos enfants de grandir, c’est donc cesser de prendre personnellement les symptômes de souffrance émotionnelle de nos enfants… mais juste jouer notre rôle, comme le ferait le docteur devant son malade devenant fou de douleur… le soigner, l’accompagner, l’aider, le soutenir jusqu’à ce que la douleur se calme.

C’est aussi ne pas faire cas de ceux qui tirent sur l’ambulance…

Comprenez : ceux qui nous tirent dessus alors que nous sommes en plein sauvetage, n’ont rien compris… et ils ne doivent pas nous empêcher de faire ce qui est absolument nécessaire maintenant… nous occuper de cet enfant en souffrance.